Rosbruck, Après-mines  : la terrible lenteur des expertises

Rosbruck,  Après-mines  : la terrible lenteur des expertises

La CLCV de Rosbruck poursuit le combat pour faire reconnaître les dégâts liés à l’après-mines. Elle pointe les lenteurs dans la restitution des rapports d’expertise. « Certains se disent qu’ils n’iront jamais au bout du combat… », lancent les époux Pirih. La CLCV reste plus que déterminée.

cela fait plus de 25 ans que la CLCV de Rosbruck se bat pour faire reconnaître la responsabilité de Charbonnages de France, puis de l’État, qui a pris le relais, concernant les affaissements miniers et la remontée des eaux qui touchent cette commune, comme d’autres. D’expertises en contre-expertises, les dossiers traînent autant que les actions en justice, les dernières en date, devant le tribunal de Sarreguemines, en février dernier, ayant été mises pour l’une en délibéré au 13 avril, pour l’autre, avec une copie à revoir. Pas de quoi décourager les combattants, qui sont toutefois de moins en moins nombreux.

Des Houillères à l’État…même combat

Les époux Pirih, Joëlle et Gaston, qui portent ce combat depuis tant d’années, avec d’autres, dressent un triste constat. S’il y a eu des victoires judiciaires, ils ne font que constater que « les procès traînent et que des gens meurent sans pouvoir voir la fin de l’histoire » , confie Joëlle. Sans savoir si un jour, il sera reconnu que tous leurs maux, et ceux à venir, ces affaissements, ces maisons qui penchent, qui pèsent sur leurs épaules, seront officiellement liés « à l’exploitation minière, au foudroyage des galeries sans remblaiement ». Et l’on ne parle pas de la remontée des eaux, inéluctable.

L’idée n’est pas nouvelle, juste le simple constat que Charbonnages de France a botté en touche, le temps de disparaître, et a laissé la patate chaude à l’État, qui « gagne aussi du temps en faisant appel ».

Chronique d’une mort programmée

Gaston Pirih revient surtout sur ces fameuses expertises, terminées en 2016, mais… qui ne sont toujours pas livrées. Et il fait ses calculs, éloquents : « Il y a eu quinze rapports remis depuis 2016, ce qui fait trois par an… Il en reste une trentaine, donc à ce rythme, il faudra encore au moins dix ans pour voir juste le bout de la livraison de toutes les expertises à la justice. » Un constat terrible pour les époux Pirih. « Cette année, trois personnes sont décédées, deux avant même d’avoir eu le résultat de l’expertise. Treize familles en tout ne verront pas la fin de cette procédure » Et d’autres « en viennent à se dire qu’il faut baisser les bras… » Mais pour l’heure, la CLCV tient bon et multiplie, outre les actions judiciaires, les appels aux politiques, pour faire avancer les choses.

Michel LEVILLAIN

Publié dans : Bassin Houiller