Projet Parkes suspendu : des défenseurs de l’environnement soulagés

Projet Parkes suspendu : des défenseurs de l’environnement soulagés

Article Républicain Lorrain du 26 novembre 2024


Selon l’Association pour la défense de l’environnement et la lutte contre la pollution (Adelp) en Moselle-Est, le projet Parkes, suspendu par le consortium, avait aussi des zones d’ombre, au-delà du volet social et des emplois annoncés sur le site qui devait accueillir deux usines à Carling. En cause : la nature même des rejets plastiques.


Le projet Parkes, annoncé en grande pompe en février 2023 et qui visait à recycler du plastique à l’infini sur le territoire de l’ancienne cokerie de Carling, ne se fera pas. La conjoncture économique actuelle a eu raison des ambitions des trois principaux actionnaires, Suez (France), Loop Industries (Canada) et SKGC (Corée du Sud).
L’Adelp a tout suivi en détail. « Le premier moment d’euphorie passé, il est vite apparu que ce projet pouvait générer beaucoup d’aspects négatifs, en particulier sur l’environnement et la santé. Le process de dépolymérisation suivi d’une repolymérisation du PET (polytéréphtalate d’éthylène) conduit à émettre de nombreuses substances chimiques dangereuses, notamment à cause de la présence d’additifs dans les plastiques traités », fait savoir l’Association pour la défense de l’environnement et la lutte contre la pollution en Moselle-Est, qui affiche un savoir-faire certain comme lanceur d’alerte en matière de sécurité environnementale industrielle.

Des additifs méconnus

« Pour ces milliers de molécules, les normes à respecter sont indigentes et la réglementation n’est pas adaptée. Pour ces additifs-là, on ne connaît pas, ou très insuffisamment, leur nature exacte, leur dangerosité et leur comportement une fois dans les eaux, les sols ou l’atmosphère. Leur concentration en métaux lourds est également mal connue », ajoute l’Adelp , qui s’appuie sur les analyses d’un groupe de travail chargé par l’ONU de réaliser l’inventaire des additifs ajoutés aux plastiques. Ces scientifiques dénombrent entre 12 000 et 15 000 substances différentes ajoutées dans les plastiques mais qui ne sont pas (ou très mal) inventoriées
et connues. « On connaît aussi très mal les interactions entre toutes ces substances quand elles sont soumises à de hautes températures ». Et de poursuivre en ces termes : « On voulait jouer avec le feu, sans exiger que l’industriel apporte des garanties crédibles quant à sa capacité à piéger toutes ces substances toxiques dans ses systèmes d’épuration… Le projet Parkes insiste sur les emplois créés mais passe sous silence nombre de risques induits ».

Un recyclage qui relève du « mirage »

L’Adelp ne s’arrête pas en si bon chemin dans son analyse. Le stockage du plastique ? « Les additifs risquent de migrer dans les sols à partir des déchets entrants (exposés à la pluie et aux eaux de ruissellement). Dès lors, la maîtrise de tous ces déchets et matières stockées, utilisés, créés, fabriqués, rejetés, etc., constitue le deal principal pour ce projet ».
Pour l’Adelp, le porteur du projet n’aurait pas présenté avec précision l’intégralité du process. L’association revient sur la nature même des déchets plastiques collectés à partir des déchets ménagers. « Le recyclage des plastiques, pour l’instant, relève encore du mirage : le tri à la source des déchets est très mauvais, voire inexistant, en particulier pour le plastique car c’est très compliqué. La collecte en vue du recyclage ne capte que 26 % des déchets plastiques produits, 20 % des plastiques ne sont pas recyclables, 43 % finissent incinérés pour 32 % dans des décharges. »

Publié dans : Bassin Houiller